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Mexique : un voyage pas comme les autres (2ème partie : Paris / Mexico City)

Je suis en vol, ni plus ni moins dans la continuité d'une journée qui ne veut pas s'achever, comme en 2016 sur le trajet entre Martigues et Delmas (Haïti). Cette fois, il n'y a qu'un vol et un bus le lendemain, avec une sorte d'escale à Mexico, pour atterrir d'une part mais aussi pour passer au service de l'immigration. Dans la cabine, il règne une ambiance paisible. Il y a des jeunes voyageuses françaises, dans la vingtaine, qui partent une semaine à la découverte du pays et d'autres qui semble-t-il rentrent chez eux. Bon, c'est ce que je ressens sur cette partie médiane de l'avion. Le couple mexicain à côté de moi s'endort ou somnole, tente de visionner un film, et je finis par être contaminé par cette veille usante. Je visionne le film de Klapisch La venue de l'avenir, et je mets un temps fou à rentrer dans le film. D'autres à côté sont davantage bercés par la carte interactive qui situe l'avion. Il vole à plus de 800 km / h, mais sur ces distances planétaires, son avancée sur l'océan paraît interminable. Cette impression est renforcée par un coucher de soleil qui n'en finit pas (trajet vers l'ouest oblige) et m'emporte pendant deux heures de sommeil léger.

La place aux jambes est étroite et je finis par me cogner avec le chariot roulant qui transporte les collations. Nous sommes servis deux fois, à des heures impossibles à déterminer dues au jet lag, et je n'arrive plus à savoir si nous prenons une collation, un dîner ou un petit-déjeuner. Après la mi-parcours, nous survolons le continent américain, et, sans doute pour éviter de traverser des dépressions atlantiques, le pilote a choisi de suivre un parcours passant par Terre-Neuve, puis la côte américaine, la Louisiane, le golfe du Mexique et enfin, le Mexique proprement dit. Si l'on se fit au nombre de fois où le pilote a demandé aux passagers d'attacher leur ceinture, il y aurait de quoi frémir mais finalement, les turbulences n'étaient pas bien effrayantes et, après avoir décollé à 16 h 15 de Roissy Charles-de-Gaulle, l'avion se pose sans souci à Mexico City à 20 h 45... du même jour, mais pour moi, mon horloge biologique, il est 3 h 45 du matin !


Le menu proposé par Air France en siège "économique"
En vol - 18 novembre 2025

Alors, quelle est la première image du pays ? Dix minutes avant l'atterrissage, avant même avoir sorti le train d'atterrissage, l'avion survole une grande aire urbaine éclairée. Le monstre, comme l'appelle les Mexicains, est déjà sous nos pieds, et la métropole de Mexico City, tentaculaire, semble s'étaler indéfiniment. Le temps passé à la survoler est proportionnel à sa taille. Le Boeing 787 poursuit sa descente progressive et se pose sur la piste. Quelques rares applaudissements surgissent, tout semble avoir été comme téléguidé par ordinateur. Il lui faut tout de même dix minutes pour rallier la porte de débarquement, et, comme il y a bien longtemps, je me sens comme un spationaute qui débarque sur une nouvelle planète (enfin j'imagine) : je vais découvrir un nouveau monde. 

Cette fois, l'avion est à l'arrêt. Les premiers passagers ne tardent pas à débarquer, mais il faut quelques minutes avant que ce soit le tour du milieu de l'appareil, là où je me trouve. Je laisse passer pas mal de monde, je saisis la moindre occasion pour récupérer mes affaires dispersées entre le dossier avant et le coffre, puis je me lance vers la sortie. L'équipage me salue et me voilà sur la passerelle. 

Le labyrinthe de l'aéroport

La première impression à la sortie est l'étroitesse des lieux. Il est 21 heures (4 heures du matin pour mon être en transition) et j'ai l'impression d'être dans un petit aéroport. Le flot des passagers de l'avion se disperse peu à peu et quant à moi, j'ai plusieurs objectifs : passer tout d'abord devant un agent d'immigration et éviter les portes automatiques (qui annuleraient de facto mon visa), récupérer mon seul bagage en soute et, à la sortie, retrouver Adriana treize mois après notre séparation à Oviedo. 

Pour la première étape, je suis un labyrinthe bosselé inexplicable. D'autres passagers nous laissent passer de fait avant d'embarquer probablement sur un autre vol. Après quelques minutes dans ce dédale, je tombe finalement sur un agent d'orientation. Il me demande ma nationalité et, suite à ma réponse, m'oriente vers la file opposée à celle que j'avais en tête. Je suis cette file et, au bout d'une bonne dizaine de mètres, je me rends compte qu'elle m'emmène droit vers ces fameuses portes automatiques. Discrètement alors, je passe sous la corde séparant les files, m'adresse volontairement à un(e) agent d'immigration qui me pose les questions classées "secret d'Etat". L'anxiété monte d'un cran lorsqu'elle me demande de justifier de ma situation. J'ai le carnet nécessaire sous la main et, mystérieusement, me libère. La vue du carnet et de ses multiples pages ? L'heure qui avance ? La vue d'autres passagers qui arrivent ? Elle seule à la réponse, mais me voilà autorisé à rester au Mexique pendant trente jours : le visa donne la possibilité d'accéder à l'agent et à bénéficier de cette procédure appelée canje, pour envisager ésuite l'obtention de la résidence temporaire. 

Le labyrinthe s'ouvre maintenant sur un vaste hall. Dans le coin gauche les premières bagages du vol Paris / Mexico circulent sur le tapis roulant, au fond se trouve la sortie. Adriana doit être de l'autre côté de la porte. Après une quinzaine de minutes, la valise emballée apparaît sans problème. Les formalités n'ont guère pris plus de temps. Volontairement, je m'approche d'un agent qui m'avait remarqué auparavant, pour montrer clairement mes intentions, et il me fait signe de me diriger vers la sortie. Je ressens un mélange d'émotions et de fatigue. La porte s'ouvre, je cherche celle qui m'attend. Contrairement à Oviedo, elle me remarque en premier. Sa pancarte d'accueil est superbe, je la retrouve enfin. Le voyage n'est pas terminé, il ne fait d'ailleurs que commencer... 

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