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Jura : entre beauté, rudesse et force (1ère partie)

Septembre 2009. Je suis à trois mois de la fin de mes études de Géographie et je recherche une mission ponctuelle en tant qu’animateur. Depuis huit ans, j’enchaînais des jobs étudiants au cours de l’année scolaire : animateurs en centres de loisirs ou en camps de vacances, employé en cantines scolaires, surveillant d’études, assistant informatique, professeur à domicile ou chargé de cours et de travaux dirigés. Je sentais que j’arrivais à la fin d’un cycle mais je n’avais aucune perspective sur l’après et 2010. J’ai donc répondu à une annonce sur Animjobs et me voilà embarqué dans une semaine de classe verte à Morteau, dans le Doubs, précisément à la SARL La Combe d’Abondance.

J’allais débarquer cette fois dans un nouveau job : celui d’animateur de classes vertes, et comme une affinité spéciale s’est créée avec cet endroit, j’ai renouvelé l’expérience en tant qu’animateur de classes de neige, en janvier 2010, et de nouveau en tant qu’animateur de classes vertes, en mai et en juin 2010. Ce furent mes quatre seules expériences de vie dans le Jura, mais j’ai découvert un monde beau, pur, fort, avec des personnes authentiques.

La Combe d’Abondance : un lieu-dit bien nommé

La Combe d’Abondance, surtout en hiver, c’est un cocon dans un monde brut. Situé sur les hauteurs de Morteau, ce site multi-activités s’adresse aussi bien à l’époque aux classes venues de tous horizons (et notamment la Suisse) qu’à des familles souhaitant prendre l’air pur. Lorsque je suis arrivé en septembre 2009 là-bas, j’ai découvert un directeur qui en avait vu d’autres et qui avait déjà un panel d’activités prévu au programme pour les classes : une randonnée en pleine nature, un parcours en VTT, une course d’orientation, des sessions de découverte de l’équitation avec une monitrice diplômée, de l’escalade et de l’accrobranche. Peu à l’aise en hauteur et avec tout ce qui relève de la technique manuelle, j’ai donc convenu avec le directeur d’encadrer les trois premières activités. La vraie nouveauté pour moi était la présence d’instituteurs avec les enfants, alors que j’avais l’habitude jusque-là de me retrouver seul avec eux.


La route gelée vers Rémonot
La Combe d'Abondance - Janvier 2010

A cet endroit, le Jura propose un cadre idéal pour la pratique de ces activités. Géographe de formation, et amoureux des grands espaces, j’ai pu donner ma pleine mesure sur ces trois activités qui nécessitaient de découvrir ce qui se passe à proximité. Pourtant, en animateur averti, je savais qu’il fallait que je m’approprie l’activité. Alors, pour préparer la randonnée, je me suis enlivré de ce qui avait été fait auparavant et je me suis rendu sur le site avec le directeur pour observer les points importants. Il fallait que je puisse transmettre aux élèves ce qui était important à voir sur place, mais aussi les sensibiliser à leur environnement à l’aide de jeux sensoriels. Je priais pour que la pluie ne tombe pas, car dans certaines situations, la grande salle était occupée par l’activité « escalade », menée par le directeur en chef, et ne permettait donc pas d’accueillir un autre groupe. Je n’avais pas beaucoup de marge de manœuvre, pas d’activité en tout cas qui pouvait concerner un groupe pendant deux heures, surtout s’il avait besoin de se dépenser physiquement ! Heureusement, les cieux ont souvent été cléments avec moi et m’ont permis de partir à temps, de passer entre les gouttes, ou de rentrer avant que l’averse ne s’abatte, en septembre comme en juin. En hiver, pas de problème, l’activité pouvait se dérouler quel que soit le temps. Les classes suisses, beaucoup plus souples que les classes françaises, supportent mieux les caprices du temps et étaient souvent bien plus détendues.

Le parcours VTT s’étendait sur dix kilomètres, avec un parcours loin d’être plat. Je me suis régalé dans ces activités sportives, surtout avec les sympathiques classes helvètes, même s’il est vrai que je devais tout de même assurer le réglage des vélos et connaître mon parcours dans les détails. Ce fut chose faite, et j’ai aussi posé là les bases pour encadrer les camps inter-jeunes « Tous Chemins » quelques mois plus tard, à l’été 2010 et à l’été 2011.

Quant à la course d’orientation, ou plutôt une initiation, elle avait lieu dans la forêt à proximité et, à vrai dire, je n’ai pas repéré l’intégralité des balises avant de lancer la session ! Comme il y avait toujours quatre groupes pour chaque classe verte, ou classe de neige, j’ai donc pu mener l’activité à douze reprises sur cette année scolaire étendue entre l’automne 2009 et l’été 2010. Je me souviens d’une classe de neige où, dans un groupe, deux enfants se sont fâchés et sont partis l’un côté et l’autre de l’autre au moment des consignes, alors qu’il n’y avait pas d’enseignant. Je me suis retrouvé pris entre le groupe et les deux enfants qui s’étaient éloignés dans la neige jusqu’à ne plus apparaître qu’en un petit point dans l’horizon… Je crois avoir d’ailleurs pris le parti de rester avec le groupe. Il fallait aussi préparer quelques activités pour le soir, car ce sont des enfants qui ont aussi besoin de se détendre après la classe, et il se devait aussi de terminer la semaine par une grande boum, pour fêter la fin de la classe.

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