Estonie, le voyage improbable (1ère partie)
Juillet 2005. Raconter l’Estonie dix-sept ans après, c’est témoigner d’un voyage particulièrement riche par rapport à la durée du séjour sur place (seulement dix jours). Paradoxalement, ce voyage m’a fait grandir et m’a servi parfois de déclic car du haut de mes vingt-trois ans, j’étais encore un enfant. Mais j’ai toujours en mémoire de nombreux souvenirs intacts.
C’est d’abord mon tout premier voyage en avion. Je dois laisser mes parents dans les Alpes, écourter mon séjour et rejoindre deux autres étudiants en géographie, comme moi, à l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry : Fatou, qui mène ses recherches de Doctorat entre France et Sénégal, et Blandine, en Master 2ème année. Notre professeur, Thierry Joliveau, doit nous rejoindre peu après sur place. Au moment du départ, je n’ai aucune idée de ce que je vais découvrir sur place. C’est pour moi un voyage dans le nord de l’Europe, et à l’époque je ne suis sorti des frontières que pour trois voyages scolaires (Angleterre en 1992 et Espagne, deux fois en 1995) et un court séjour catalan au début du mois ! Alors c’est l’inconnu qui s’annonce.
Le secrétariat de mon laboratoire de recherche de l’époque, le CRENAM (Centre de Recherches sur l’Environnement et l’Aménagement) nous a réservé ce séjour « offert » à trois étudiants de l’Université de Saint-Etienne, dans le cadre européen du 9ème Séminaire Universitaire de Géographie de l’Eau, et à leur professeur. J’ai raté le séminaire de l’année précédente en Hongrie, pour cause de double fracture à la cheville, et me voilà sur pattes pour l’Estonie. Nous partons donc depuis Lyon vers Tallinn, avec Lufthansa, et avec une escale à Francfort. Pour une première, c’était digne d’un grand huit pour moi et, à l’arrivée à Francfort, je me suis demandé comment j’allais rallier la capitale estonienne, tellement ce tout premier vol m’avait secoué. Finalement, j’ai pris mon mal en patience et poursuivi ma route jusqu’en Estonie.
La petite maison dans les drumlins
Estonie - Juillet 2005
A l’arrivée, nous avons attendu un moment nos bagages dans le tourniquet. En anglais dans le texte, nous avons compris que celles-ci avaient été mystérieusement bloquées à Francfort et qu’elles devaient nous parvenir par l’avion suivant. Deux heures et demie plus tard, nous avons donc finalement pu les récupérer en état ! Après avoir profité de l’intervalle pour passer au change, nous avons désormais bien avancé dans cette journée (il y a une heure de décalage horaire avec la France, seulement, mais cela nous rapproche de la nuit) et nous avons manqué le convoyage qui devait nous conduire à l’hôtel principal, où tout le groupe est logé. C’est un taxi qui nous récupère et nous emmène dans les faubourgs de la capitale, anciens quartiers soviétiques, et dans un autre hôtel dans la plus pure lignée des rouges : austérité et ligne carrée. Le soleil se couche peu à peu et un seul magasin semble encore ouvert dans ce quartier aux allures plutôt lugubres. Il s’agit d’un magasin d’alimentation et, après avoir été secoué dans les airs, je me retrouve perdu par l’alphabet ! Nous sommes trois et nous devons essayer d’acheter la nourriture que nous voyons, sachant que les goûts et traditions culinaires ne sont pas les mêmes qu’en Europe Occidentale. Allons-y donc pour des tranches de viande qui ressemblent à du jambon…
Nous nous endormons dans notre hôtel et nous nous demandons ce qui nous attend le lendemain, puisque nous avons des nouvelles du groupe que par bribes interposées. Au petit matin, le soleil est toujours là, et réveillé semble-t-il tôt, je regarde ma montre : il est tout juste 4 heures du matin ! Je me dis alors qu’elle est déréglée. Une autre personne dort aussi dans la chambre (elle est visiblement arrivée plus tard) et je jette un œil indiscret à sa montre qui indique la même heure ! Deux montres ne peuvent être déréglées… Je comprends alors que nous nous sommes rapprochés du cercle polaire et qu’à cette latitude, les journées estivales sont à rallonge par rapport à ce que nous connaissons en France métropolitaine !
Nous sommes à Tallinn et nous retrouvons le groupe. S’agit-il d’une semaine de travail ou d’une semaine de vacances ? A ce moment-là, je n’en sais encore rien. Il y a des membres des Universités de Séville (Espagne), de Padoue (Italie), de Cagliari (Italie), de Pecs (Hongrie), de Tartu (Estonie), de Mayence (Allemagne), de Prague (si je m’en souviens bien…, en République Tchèque). Nous sommes universitaires et, pour mobiliser tout ce monde (une quarantaine de personnes environ) sur un site européen, ce doit être pour une bonne raison ?
Par ici la suite ! Estonie, le voyage improbable (2ème partie) (3 décembre 2022)


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