Canada (Québec / Ontario) : Rêvons plus grand (1ère partie)
Ecrit à Martigues,
Pour une fois, je passe à l’écriture de notre récit de voyage plusieurs mois après. Ce séjour au Canada, même de deux semaines, nous a revigorés et resitués dans une forme de civilisation que nous avions quittée… avant de revenir en Haïti pour y terminer notre mission de solidarité internationale (Cf Blog de Terres d’Espérance). Nous l’avions longtemps anticipé. Craignant de connaître des difficultés à l’atterrissage aux USA pour un périple Montréal – New York – Miami, craignant de passer beaucoup de temps dans les transports pour une boucle dans la région des Grands Lacs… nous avons finalement opté pour une base au Canada et une découverte de l’Ontario. Les USA, ce sera pour une prochaine fois, ou pour le plaisir des yeux !
Orevwa Ayiti
Il nous fallait donc quitter un temps la Perle des Caraïbes. En ce 3 août 2017, Monsieur Berthony nous a conduit à l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, là où nous avions débarqué plus de neuf mois auparavant. Entre temps, notre mission de volontariat a eu le temps d’accoucher, et même de toucher à sa fin pour Karima. Nous sommes à peine arrivés dans l’enceinte de l’aéroport, sous une chaleur accablante, que quelques Haïtiens ont tôt fait de remarquer ma couleur de peau claire. Et ils se sont précipités sur le minibus avant qu’il ne se gare pour… faire mine de se proposer de prendre nos bagages et demander ensuite quelques gourdes. C’est là que les neuf mois de créole haïtien m’ont servi pour refuser poliment et simplement leur aide et rentrer dans l’enceinte de l’aéroport.
Enfin presque. Un autre homme, mieux vêtu, mais moins sympathique, nous ayant remarqué (et non l’inverse) nous attendait aussi devant les portes d’entrée. C’était le dernier instant de chaleur solaire avant la climatisation – relative – du terminal unique et celle plus intense du Boeing 767 d’Air Canada. Cet homme prétendait nous faire gagner du temps et, devant la surprise, nous lui avons confié naïvement nos passeports. Karima a alors senti le mauvais coup et la tentative de corruption et heureusement, avant qu’il n’entreprenne de sombres démarches, il nous a rendu nos sésames à contre cœur.
Cette fois, nous allions pouvoir avancer. La longue attente pour l’obtention de mon seul permis de séjour nous a tout de même grandement facilité la tâche, car les services de l’immigration en font souvent bien à leur tête : ils peuvent décider d’aller chercher des noises à des clients dont la tête ne leur plaît guère. Et lorsque la peau est claire, il peut y avoir tant d’interprétations possibles… Nous sommes passés par le SAS de contrôle (il n’y en a que deux, pour une capitale !) et bien sûr, nous avons dû y retirer les chaussures… Relativement peu chargés, nous avons attendu quelque peu dans un hall d’embarquement bien serré, avec un snack minuscule, et une file d’attente assez longue. Nous avons remarqué que la compagnie Jet Blue disposait de sa propre salle d’embarquement, à cette heure à moitié déserte, alors que les passagers des autres compagnies s’entassaient comme ils le pouvaient. Finalement, nous pouvions embarquer dans et pour un autre monde.
Fraîcheur de vivre
A bord, nous découvrons un personnel jeune et parfaitement bilingue : ce sera rare au Canada ensuite. Le vol se déroule sans histoire, et la climatisation pourrait nous faire prendre froid, après l’étuve haïtienne. Pour le cinéma, tout se déroule désormais sur application… et mon téléphone n’est pas adapté. Je reste donc derrière mon siège un peu vide, je n’en avais plus l’habitude pour les vols internationaux, mais contemple tout de même ce vol plein nord jusqu’à la nuit. Le hublot nous permet de constater avec émerveillement les grandes étendues lacustres du Québec et aussi les espaces déjà immenses. Notre vol atterrit comme prévu à 19 h 30 heure locale.
Montréal vs Fleuve Saint-Laurent
7 août 2017
A l’arrivée, après neuf mois en Haïti, nous débarquons dans une civilisation qui nous paraît sortir de Retour vers le Futur. Tout est clean, grand, organisé dès l’aéroport. Il fait bien évidemment beaucoup plus frais et l’ambiance est paisible. Nous avons délaissé le vacarme d’Haïti pour trouver la quiétude québécoise. Dans cette vaste salle d’accueil, les couloirs sont grands, et d’entrée de jeu les passagers américains doivent rejoindre un autre lieu de passage. A cette heure-ci, tardive (environ 20 h), il y a peu de passagers hormis le vol en provenance d’Haïti et nous nous retrouvons vite face à une foule de questions posées par la jeune agente au comptoir. « Pourquoi venez-vous au Canada ? », « Combien de temps allez-vous rester ? », « Avez-vous des marchandises à déclarer ? », etc. Voilà que nous avons oublié de mentionner le rhum et hop, un grand cercle rouge est tracé sur le document. Nous nous inquiétons d’être finalement contrôlés, et heureusement, il n’en est rien.
Donc, nous pouvons sortir tranquillement et prendre la route, la vraie, lisse, rapide ! Nous avions oublié tout cela. Les grands espaces de la banlieue de Montréal se confirment, et, très vite, notre ventre crie aussi famine. Nous nous rendons alors chez Mike’s pour déguster une salade (ça faisait très longtemps) et nous sommes étonnés de constater l’immensité du parking, l’accent québécois et la rapidité du service. Ce fut le premier de nos plats gargantuesques, et nous n’allions pas manquer de le regretter dans les jours qui ont suivi ! Pour ce premier soir, nous en restions là et gardons la découverte de Montréal, que nous attendions de pied ferme, pour le lendemain.
Nous avons découvert la fraîcheur matinale et aussi le silence des rues. Même en cette période de festivités, très riches, tout à la gloire de l’Amérique ou un peu plus tard de la France, l’ambiance est bon enfant et tranche pour nous avec le vacarme haïtien auxquels nous étions habitués. Pour autant, Haïti fait toujours l’actualité pour nous : nous découvrons à la TV les images des réfugiés haïtiens tentant de rester de ce côté de la frontière canadienne, de peur de devoir rentrer au pays. Le président américain Donald Trump ne verrait pas d’un bon œil un séjour prolongé aux USA… Chose étonnante : nous les découvrons dans l’enceinte du stade olympique, là où, sans le savoir, nous allions clôturer cette première journée québécoise.
Par ici la suite ! Canada (Québec / Ontario) : Rêvons plus grand (2ème partie) (20 mai 2018)



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