Mexique : un voyage pas comme les autres (4ème partie : Mexico City / Santiago de Querétaro)
A l'extérieur, je retrouve et remercie mon agent secret. Il y a foule, certains attendent leur tour et demandent où se trouve l'entrée principale. En un coup d'Uber, nous voilà à la Casa Emilia. Et en un troisième, nous voici avec nos affaires à la Central de Autobuses. Mais ce troisième Uber n'était pas comme les deux premiers : un señor a engagé la conversation et très aimable, a conté un peu de l'histoire du Mexique. Le pays fête l'indépendance et la révolution, et voilà une remarque bien(mal)venue de ma part : en France, nous n'avons qu'une date. Oui, nous n'avons pas d'indépendance à fêter, peuple colonisateur... et opprimant. Premier choc interculturel, pas le dernier.
Nous remercions notre señor pour le trajet et pour la leçon d'histoire. Arrivés à la gare routière, Adriana se charge de la réservation chez Primera Plus, une compagnie de bus de bon niveau, pour rejoindre Santiago de Querétaro, d'ailleurs plus communément appelée Querétaro. Nous avons une petite heure, suffisante pour casser la croûte. L'endroit, forcément commercial, s'y prête, et me voilà en face de mon premier déjeuner mexicain, sur le pouce. Il est complet, varié, plutôt bon marché, mais une question me taraude à ces altitudes avoisinant les 2 000 mètres : qu'en est-il de la route entre la mégapole et sa petite sœur ? Pour Adriana, il n'y a rien de terrifiant. Aujourd'hui, il n'y a que deux moyens pour rallier Querétaro depuis Mexico City : la route et les airs. Le Mexique, par la voix de sa présidente Claudia Sheinbaum, a mis en route le projet ferroviaire, mais ça ne sera pas avant 2028.
Pas un kilomètre de trop
Avant de monter dans le bus, il me faut négocier le passage en cabine du sac à dos, et de l'ordinateur portable qui sont à l'intérieur. Une autre phrase encore un peu directe de ma part et ça passe. Nous prenons le départ vers 16 h 15 vers le nord-ouest. Je découvre Mexico City différemment. Les routes sont globalement dans un état correct, il n'y a pas trop de trafic et, après une bonne demie-heure, nous quittons le monstre et sa banlieue. Comme au Pérou au nord de Lima, comme en Haïti avec Jalousie, le Mexique étale ses maisons modestes à flanc de colline, qui grimpent jusqu'où elles peuvent. Adriana me confirme que ces quartiers seulement visibles de l'autobus ne prêtent pas à la visite touristique...
Premières photos mexicaines
El Refugio (Santiago de Querétaro) - 21 novembre 2025
Nous voici maintenant dans la campagne, dans le Mexique rural. Je me demande quels animaux sauvages vivent là, sur ce plateau d'altitude aride. Peu adepte des longs trajets routiers, je me concentre sur le bitume, en espérant avoir digéré. Le jet lag me rattrape et je finis par tomber en somnolence. Si, au contraire du trajet Lima / Piura, il n'y a pas de risque majeur d'attaque en route, le chauffeur se protège visiblement puisque une porte à peine vitrée sépare les passagers du poste de conduite. Avec le crépuscule, la vue se réduit, la cabine tombe en léthargie et je ressors de ma somnolence avec la nausée. Adriana m'annonce qu'il reste 37 minutes de trajet jusqu'à la gare routière de Querétaro. Il ne m'en faudra pas une de plus...
Comme avec Mexico City la veille, Querétaro dévoile son immensité dans la nuit. J'éprouve une double sensation : j'approche du but, mais avec une telle vision de la ville, l'arrêt est encore loin. Les nombreux ralentisseurs, secs, finissent presque de m'achever. Je ressors du bus très pâle, sans force, et je récupère quelques minutes avant de monter avec Adriana dans la voiture d'Adria. Heureusement, il fait plus frais.
Au GPS, il reste encore près de 15 kilomètres à accomplir. Le paysage est entièrement en blanc et noir. Je respire un peu mieux mais je peine à aligner deux phrases. Je découvre une nouvelle ville, ou plutôt ses grands axes. Après un péage, puis un autre (j'expliquerai ce double passage dans un article ultérieur), j'arrive enfin à destination, presque deux jours après avoir quitté le lit stéphanois. Je vais pouvoir déposer mes bagages. J'ai rendez-vous en terre inconnue pour un voyage pas comme les autres.



Commentaires
Enregistrer un commentaire