Sur la route de Compostelle - Camino Primitivo (2024) - Voyage retour (2ème partie)
Sans surprise, la nuit du 15 au 16 octobre est des plus courtes. Ma préoccupation est de me réveiller suffisamment tôt et, si je dispose bien maintenant d’une montre, je n'ai pas de réveil. Mon plan est de retrouver la gare à pied qui est toujours à trois kilomètres. Je souhaite disposer d’une bonne heure et demie de marge pour la retrouver, voire de deux heures de marche au vu du temps et des péripéties de la veille. J’ai donc quelques sueurs nocturnes et l’ambiance extérieure n'est pas plus rassurante. Je parviens tout de même à dormir correctement, d’un sommeil entrecoupé de quelques réveils en fin de cycle et je me rends compte que les éclairs et la pluie type Tineo ont pris possession des lieux pendant la nuit. Je me réveille vraiment à 6 heures et comme j'avais empaqueté au maximum mon sac la veille au soir je ne mets qu'un quart d'heure à quitter les lieux. Certaines personnes sont déjà réveillées, pour ma part j'espère passer entre les éclairs.
Par chance, la pluie se calme, le temps s'assagit, il ne tombe plus que quelques gouttes sur le début de mon trajet retour. Je ne veux pas chercher de Carrefour Market dans cette nuit noire et je reviens donc au point de départ de cette rue en retombant sur le dernier des trois ronds-points que j’avais traversés la veille. J'ai étudié le plan et, grâce à ce précieux document aujourd’hui rendu banal par l’utilisation massive de nos smartphones, je parviens à m’orienter sans trop de difficultés et je retrouve le chemin de la gare.
A Nîmes mais pas dans l’abîme
J'entre dans le hall à 7 h 15 et mon train est prévu pour partir une heure plus tard. J'ai donc tout mon temps. La configuration du hall de la gare de Nîmes est particulière puisque l'accueil se trouve au rez-de-chaussée mais tous les trains passent sur voie en hauteur. A 7 h 15 il y a surtout beaucoup d'écoliers ou d'étudiants, voire bien sûr quelques travailleurs qui prennent un train régional, pour aller notamment à Montpellier ou à Avignon. Je regarde alors le double panneau d'annonce des départs des trains et, sur toute la liste un seul est supprimé. Pas de chance pour moi, il s'agit du train reliant Nîmes à Clermont-Ferrand. Je suis dégoûté parce que je sais que le train suivant ne partira qu'en début d'après-midi et qu'il me faut donc patienter sept heures à Nîmes. Une autre possibilité consisterait à changer mon billet et prendre un train passant par Lyon mais ceci impliquerait de monter dans un TGV et le changement me coûterait à peu près cent euros supplémentaires. Le jeu n'en vaut donc pas la chandelle.
J'observe les heures d'ouverture du hall d'accueil qui apparemment n’est réservé qu’aux TGV. Celui-ci indique 9 heures. Je n'ai pas d'autre choix que d'attendre cette heure-là pour repartir à la pêche aux informations. Je prends ce qu'il me reste de petit déjeuner pour monter dans un endroit tranquille, c'est à dire à l'étage, là où les trains sont de passage. La pluie et l'orage sont de retour et ils s'abattent maintenant vigoureusement sur la cité millénaire. Je patiente dans le hall principal grâce au Relay que j'aurais l'occasion de visiter plusieurs fois dans la journée.
Je me rends point d'accueil à 9 heures et je tombe sur un premier employé à qui je demande s’il est possible de réutiliser le même billet pour le deuxième train prévu sur le même trajet dans la journée. Il me répond que comme il s'agit d'un billet pour un train express régional, celui-ci est réutilisable toute la journée sans condition. Je décide donc d'attendre 14 heures et aussi d'attendre que la pluie se calme parce qu'il me tarde un peu de quitter l'enceinte de la gare.
La météo se calme effectivement vers 10 heures. Je pars visiter les environs et essaie de trouver un sandwich moins cher que dans la gare mais je n’y parviens pas. J'effectue une visite rapide du centre historique et un peu avant 11 heures je reviens à la gare pour me reposer. Après tout, le trajet a été relativement éprouvant. Je consulte de nouveau les bornes en libre-service pour savoir si le train en direction de Clermont Ferrand est maintenu l'après-midi. Mauvaise surprise, je découvre que celui-ci est aussi supprimé, alors je me rends donc une deux fois au bureau des renseignements où il y a visiblement un peu plus d'agitation. Comme la foule est présente il me faut maintenant prendre un ticket d’appel à l'entrée et attendre mon tour. Certains clients pestent puisqu’une seule personne est au guichet et qu'elle doit s'occuper de tous les problèmes. Je m’assoie donc dans le hall d'attente et jette un œil aux deux panneaux de départ des trains. Je constate qu’à midi un TGV de la Renfe partira pour Lyon. Comme je ne sais pas ce qu'il en est sur cette ligne de Clermont-Ferrand mais qu'il y a un problème apparent je fais les calculs pour savoir ce qu'il m'en coûtera de rester un jour supplémentaire à Nîmes sachant que je ne peux pas vraiment me le permettre, travail oblige. Finalement beaucoup de personnes sans doute un peu désespérées ne répondent pas à l'appel du guichet qui entre temps s'est complété de deux personnes supplémentaires. Mon tour arrive donc confortablement avant 12 heures.
Un TGV en partance pour Marseille
Lyon - Gare de Lyon Part-Dieu (Photo d'archives)
Comme lors du premier épisode en 2021, un changement de trajet retour imprévu
Au guichet, je demande des explications à l'employée sur l'état des lieux de cette ligne ferroviaire Nîmes / Clermont-Ferrand. L'employée m'apprend que tous les trains circulant en Lozère sont à l'arrêt, ainsi que tous les transports publics par arrêté préfectoral. Je fais le lien avec les précipitations qui s'abattent sur le sud-est de la France et, de retour à la maison plus tard, je constaterai que cette perturbation météorologique impacte aussi fortement la Loire et le Rhône. Ayant vu l’information du train de la Renfe sur le panneau, je demande à l'employée une solution de rechange. Je sais qu’à Lyon je peux me permettre une correspondance afin de rallier Clermont-Ferrand et le Puy-de-Dôme mais, autre mauvaise surprise, l’employée me dit que je n'ai pas d'autres solutions que d'attendre un jour supplémentaire pour rentrer et qu'elle ne peut me vendre le billet du train Renfe puisqu'il s'agit d'un concurrent. Je fais part alors de mon inquiétude et de mon désarroi et, bizarrement, quelques minutes plus tard, l'employée revient plutôt agacée avec un billet « rupture de correspondance », donc sans frais à rajouter. Le nouveau trajet passe par Lyon, dans un TGV et me conduit à la gare de Riom / Châtel-Guyon. J’avais demandé à rejoindre le Puy-de-Dôme et j’ai insisté pour rallier la gare la plus proche de mon domicile, au moins celle de Riom, mon point de départ. Finalement, je n’aurai qu’à débourser les quelques euros restants pour rallier Aigueperse sur un dernier train.
Me voilà donc rassuré avec un nouveau billet en poche. Le train part juste cinq minutes plus tard que celui initialement prévu pour Clermont-Ferrand et je me dis que quoi qu'il arrive je n'y ai pas perdu au change. A un peu plus de 14 heures le train prévu pour Clermont-Ferrand est bien au départ de la gare de Nîmes. Je suppose que sa destination finale est Alès et, disposant d'un nouveau billet, je ne peux pas tenter le coup de prendre l'autre train. De toute façon les correspondances sur le trajet passant par Lyon sont plus commodes.
Il était écrit que ce chemin jusqu'à mon retour serait celui des retrouvailles et après 1 h 15 de trajet entre Nîmes et Lyon, via Valence TGV, sur un des trajets les plus rapides de l'Hexagone, je découvre donc les travaux toujours en cours de la gare de Lyon Part-Dieu. Elle n’a rien perdu ceci dit de son aspect pratique. J’ai pris ici nombre de trains par le passé, notamment au départ pour l'Espagne, et cette redécouverte des lieux n'est pas pour me déplaire. La correspondance est cela dit relativement courte et je gagne vite l'avant-dernier train de mon voyage pour Riom.
Le train se remplit quasiment au maximum en cette fin de journée. Une jeune fille convoie avec sa maman jusqu'à Tarare et se demande pourquoi le train est si rempli. Elle dit même ne l’avoir jamais vu aussi complet. Je lui fais part de l'annulation de tous les trains ce jour se rendant de Nîmes jusqu'à Clermont-Ferrand et elle comprend aussitôt pourquoi il y a une telle densité de voyageurs dans ce train. Le Train Express Régional se vide progressivement et heureusement nous retrouvons une place plus agréable pour les pieds à Tarare. Je dois attendre Roanne pour pouvoir m’asseoir. Je rejoins finalement Riom puis monte dans le dernier train pour Aigueperse. Quinze minutes plus tard, alors qu’il fait nuit, je descends du cinquième train de ce voyage retour pour rejoindre Bussières-et-Pruns. Lorsque j’ouvre la porte de la maison à 20 heures 30, le Camino Primitivo, quatrième épisode de mon voyage sur les routes de Compostelle, est définitivement terminé. Un autre chapitre peut commencer.


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