Canada (Québec / Ontario) : Rêvons plus grand (5ème partie)
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Toronto
Nous avions prévu ce voyage en pensant précisément à cette région, frontalière avec les Etats-Unis, qui nous faisait rêver lorsque nous étions en Haïti. L’Amérique, plus fraîche que la moiteur écrasante des Caraïbes, se faisait désirer ; mais nous ne savions pas encore comment la découvrir. Finalement, c’est avec Megabus que nous avons choisi de nous y rendre ! La compagnie low-cost nous a donc embarqué sur un trajet de sept heures, la plupart du temps sur une autoroute droite comme un i et longue comme une journée sans fin. La seule attraction, avant d’apercevoir l’horizon infini du lac Ontario, le plus petit des cinq grands lacs américains, a été ce changement de chauffeur : un Chinois a pris possession du siège conducteur, un peu avant la moitié du trajet, jusqu’à Toronto. Il a au moins pu rompre la monotonie d’un paysage un peu bosselé, toujours forestier, où l’autoroute, souvent parsemée de nids de poule, traçait son destin. J’ai rapidement cherché du regard la CN Tower, avec ses cinq cents trente-trois mètres de hauteur, emblème de la ville, et j’ai fini par la trouver. Pendant trois jours, elle nous a largement observés, fascinés, voir hypnotisés.
Yohann et la CN Tower dans la lumière
Toronto - 14 août 2017
Toronto, c’est la plus grande ville du Canada, et pour nous, notre petit New York. Nous avons débarqué en pleine chaleur (relative par rapport à Haïti), et il a fallu tout d’abord se fondre dans la foule et se repérer en anglais. Bizarrement, j’ai retrouvé avec plaisir une langue que je n’ai jamais vraiment aimé, ni franchement détesté. Et nous avons reçu, comme la plupart du temps au Canada, un accueil amical et courtois, que ce soit dans la langue de Molière ou celle de Shakespeare. Nous avons rapidement découvert les joies du métro, un peu à l’ancienne, avec une pièce comme jeton pour franchir les barrières. En à peine un quart d’heure, nous sommes passés de l’étage des buildings à celui de l’Air Bnb que nous avions réservé. Nous sommes passés de la ville à la banlieue résidentielle chic et verte. Et nous avons découvert notre logement pour trois jours, dans le sous-sol d’une petite maison, tenue par un couple libanais qui s’est rencontré au Canada ! Rien que l’adresse est une aventure : 1058 Royal York Road, Toronto, Ontario M8X 2G7, Canada. Nous y avons déposé nos affaires et nous sommes repartis, le ventre vide, pour le remplir. Karima voulait connaître le quartier chinois, et après l’avoir arpenté en long, en large et en travers, nous avons trouvé à l’étage (au troisième, sans ascenseur) un restaurant franchement bizarre. Nous avions l’impression qu’un cabaret allait se tenir, qu’un show allait se produire, mais il n’est finalement jamais arrivé. Nous sommes arrivés là comme un cheveu sur la soupe, et rapidement, dans un anglais approximatif, nous avons demandé une carte… immense, avec uniquement du texte, et bien incompréhensible. Il a fallu déchiffrer les plats proposés. Finalement, nous ne sommes pas restés bien longtemps dans cet endroit qui nous a paru très étranger, aux tarifs élevés et à la qualité gustative bien douteuse. Déçus donc, nous avons décidé de rentrer mais, à l’approche de la bouche de métro, je suis resté comme scotché devant cette ville aux tours immenses, dépassant souvent les deux cents mètres de hauteur, et j’ai eu envie d’aller découvrir sans plan, pour une fois. Nous avons parcouru trois bons kilomètres à pied, uniquement guidés par les couleurs rouge et blanc de la CN Tower, qui nous a attirés jusqu’à elle. Et cette soirée, fraîche, calme et illuminée, fut un vrai moment de bonheur totalement imprévu. Après deux heures peut-être, nous sommes rentrés avec les étoiles plein les yeux, heureux de voir cette cité, aux allures parfois futuristes, mais vraiment agréable, venir nous accueillir pour quelques jours. Quel contraste avec Port-au-Prince, pourtant à peine moins peuplée !
Toronto, de jour comme de nuit, est une ville dont il est aisé de ressentir une forme d’attraction, de modernité, de plaisir mais aussi de puissance. C’est une ville de verre, de bureaux, où les policiers usent et abusent peut-être de leur uniforme pour impressionner passants et touristes. Mais cette ville, qui possède aussi ses galeries souterraines commerçantes, se laisse visiter sans se montrer trop étouffante. Là où Montréal se perd en quartiers verts, Toronto grimpe jusqu’au vertige : nous étions stupéfaits de constater que des personnes se suspendaient dans le vide du haut de l’ancienne plus haute tour du monde. Après trois jours de divagations, et de respiration, nous prenons finalement le train pour essayer d’atteindre les chutes du Niagara. Mais nous n’y parviendrons pas. Les connexions n’étant pas bonnes en termes de transport, nous ne prenons pas le risque de courir et préférons, pour le dernier jour, séjourner dans un hôtel de banlieue (!), mais au bord du lac Ontario. Notre hôte à Toronto nous avait dit : « I don’t know why you’re going to Burlington. It’s just suburbs ! There’s nothing to see there. » ("Je ne sais pas pourquoi vous allez à Burlington. Ce n’est que banlieue. Il n’y a rien à voir là-bas.") Nous avions déjà parcouru près de deux mille kilomètres en terre canadienne et cet hôtel, en bordure de lac, bien équipé, nous permettait de vraiment nous reposer, même pour une après-midi. C’est là, à Burlington, que nous avons découvert un petit restaurant indien absolument délicieux. C’est aussi là que s’achevait notre voyage.
Par ici la suite et la fin ! Canada (Québec / Ontario) : Rêvons plus grand (6ème partie) (22 juin 2018)


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