Souvenirs de camps - 1ère partie : l'animateur
Quarante-huit jours se sont écoulés en France depuis l'au-revoir à l'océan, à la plage de Santa Cristina. C'était hier. Les chansons résonnent encore dans la tête. Un camp de vacances est passé par là pour me remettre dans le bain français, pour le plaisir aussi et surtout d'accueillir des jeunes, de revenir dans une association à laquelle j'adhère depuis quatre ans et qui a bien tourné en mon absence...
Je n'ai jamais été campeur et la fibre m'est venue relativement tard. J'ai attendu d'avoir vingt-quatre ans avant de me lancer dans l'animation volontaire. J'avais quitté ce milieu en tant que vacancier quand j'avais onze ans et j'avais alors un a priori assez négatif sur le milieu de l'animation. C'était creux et c'était une autre époque.
Je n'ai jamais été campeur et la fibre m'est venue relativement tard. J'ai attendu d'avoir vingt-quatre ans avant de me lancer dans l'animation volontaire. J'avais quitté ce milieu en tant que vacancier quand j'avais onze ans et j'avais alors un a priori assez négatif sur le milieu de l'animation. C'était creux et c'était une autre époque.
Je n'ai que peu de souvenirs marquants : du coloriage, du savon pour faire une activité manuelle à neuf ans, un séjour au Parc d'attractions du Pal. Je suis aussi fait emporter par l'Ance, petit affluent de la Loire, avant d'être récupéré in extremis par un "mono" et j'ai eu à affronter des rafales à 140 km/h dans les forêts du Bessat, à 1 200 mètres d'altitude, à la fin d'une course d'orientation, en 1991. Quand j'ai remis les pieds dans ce milieu, de l'autre côté, en 2006, je ne m'attendais donc pas à vivre de grandes émotions et seulement à encadrer quelques jeunes pour des petits jeux de cours de récréation.
Entre 1991 et 2006, l'eau de l'Ance a coulé et même aujourd'hui les animateurs récemment formés bénéficient de stages plus performants que celui que j'ai reçu il y a bientôt 5 ans. J'étais alors le plus âgé de la promotion, le grand frère, celui qui pouvait faire le lien entre l'équipe de formateurs et les collègues futurs animateurs. Alors qu'un collègue soutenait sa thèse, j'ai vécu dans un autre monde. C'était bien plus intense qu'à la fac même si je n'étais pas dépaysé puisque je me retrouvai dans un champ perdu de l'Isère des plaines, où il y avait plus de vaches que d'habitants. J'y ai appris quelques jeux, à faire un grand jeu, à organiser une veillée... des termes qui m'étaient jusque là inconnus. Après une première semaine enrichissante à la Maison des Jeunes et de la Culture de Rive-de-Gier, j'ai répondu à une petite annonce pour participer aux Camps Inter-Jeunes de l'Est, dont la particularité d'avoir quatre camps en une seule structure m'a beaucoup plu. Je ne savais pas qu'une longue histoire allait commencer...
Corbonod (2007) : la découverte d'un autre monde.
L'association CIJE, c'est une famille, une seconde famille, qui fonctionne bel et bien comme une association et non comme une entreprise. En mai 2007, je me suis demandé où j'avais mis les pieds. Non religieux, l'affichage des origines chrétiennes ne m'avait pas repoussé mais le rassemblement des camps, la célébration de l'Eucharistie, la répétition des chants du carnet de chants pouvait apparaître comme un rite d'initiation quelque peu sectaire. En raison de mon âge (vingt-cinq ans), j'ai été engagé pour accompagner les plus grands (seize et dix-sept ans) sur un projet qu'ils devaient eux-mêmes construire. Les membres de l'association se réunissaient au Clos de Grex, un établissement qui accueille des personnes retraitées et des personnes en situation de handicap mental, où veillent aussi les soeurs. C'est là que nous avons préparé les camps et accueilli les jeunes.
La première randonnée était l'occasion de la prise de contact. J'avais peur de me tromper de chemin. Il y en a eu beaucoup d'autres, pour chercher son chemin, pour aller voir les trois autres camps, pour se rafraîchir. Au bout de deux jours, j'ai failli pleurer. Le rythme était lent, dicté par les ados mais ma directrice pouvait très bien me demander d'intervenir dans les vingt à vingt-cinq minutes qui venaient et de préparer une séquence d'animation. Je n'étais pas habitué à ces changements de rythme, alors que je vivais en tant qu'étudiant dans un univers aseptisé, ne voyant pas à l'époque la fin de mes études.
J'ai aussi compris ce que c'était que d'être mobilisé pendant près de seize heures consécutives. Je me suis usé mais j'ai tenu le cap. Le camp s'est déroulé sans accroc. Les garçons ont bien dématé la tente des filles pendant une nuit et ont dû la remonter illico. Ce sont des expériences qui marquent lorsque l'on est stagiaire et que l'on réalise son stage pratique. De ce camp, déjà lointain puisqu'il date de plus de quatre ans, je me souviens de quelques épisodes. Nous étions situés juste à côté du camp vélo, composé de jeunes un peu plus... jeunes et nous avions réalisé une course d'orientation de plus de dix kilomètres, avec l'autre groupe. Nous étions allés voir passer la caravane du Tour. Il y eut aussi un orage énorme l'un des jours où j'étais en charge de préparer le repas avec les jeunes. Le couscous a donc été mangé sous la protection d'un marabout sombre, en veillant à ne pas renverser le moindre grain au sol. C'est aussi là que j'ai découvert le Loup-Garou, jeu qui passionne tant les jeunes en camp, surtout lorsque la météo s'y met. Beaucoup des jeunes qui ont participé à ce camp sont aujourd'hui de jeunes adultes, à l'Université, ou employés.
Je me souviens très bien du site et des rencontres que nous avions fait dans cette campagne qui n'en est pas une. Il n'y a aucune ville dominante sur la route de la Suisse, entre Genève et Belley, mais c'est la vallée du Rhône et il y a beaucoup de passage. J'ai rencontré beaucoup de gens très accueillants et un groupe de jeunes a pu prendre un repas, passer une nuit complète chez l'habitant, ramener des souvenirs lors d'un temps appelée "autonomie" ("explo" chez les scouts). Le temps d'autonomie, de quarante-huit heures, tombait pour l'équipe d'animation sur le temps de congé. C'est l'occasion de prendre la voiture quand les jeunes sont à pied, de s'éloigner du camp... et de participer à la livraison des repas froids et des petits déjeuners pour eux là où ils doivent être. Le pique-nique et le lait transporté dans le coffre, la tente montée à la tombée de la nuit... Nous sommes bien loin de l'animation touristique menée à tambour battant. Ce n'est pas le même monde.
Ce temps passé hors du camp permettait aussi aux jeunes de se couper un peu de la vie de camp, qui devient monotone, et d'oublier l'usine qui tourne près du Rhône vingt-quatre heures sur vingt-quatre... C'est aussi l'un des rares camps où j'ai pu expérimenter le feu de camp, pratique lors de la dernière veillée passée à la belle étoile.
Mens (2008) : d'air pur et d'eau fraîche.
2008 commence aussi à dater. Entre temps, j'ai terminé ma formation d'animateur BAFA à Barcelone, en décembre et je suis revenu aux Camps Inter-Jeunes de l'Est pour un nouveau mois de juillet avec beaucoup plus de repères mais sans directeur. Des jeunes que j'ai connu l'année dernière, il n'en reste plus qu'un. Il y eut cette année-là un vrai changement de génération, un vrai renouvellement chez les plus jeunes. Cette fois, contrairement à 2007, les camps se situaient en pleine campagne, dans le Trièves, dans un décor somptueux. L'équipe d'animation a eu la chance de pouvoir se préparer au pied de l'Obiou, une très belle montagne qui culmine à près de deux mille huit cents mètres d'altitude.
Le décor a donné le ton d'un camp "autrement", en pleine nature ou presque, avec des jeunes avides de se découvrir et de vivre de belles expériences ensemble. Le groupe était plus jeune que l'année précédente, en pleine adolescence. La première randonnée "prise de contact" a eu lieu sous un beau temps pendant deux heures mais nous avons pris un orage terrible, comme l'année précédente, en cours de route. Tout le groupe s'est alors empressé de rentrer, pris en charge ensuite par les camions de l'association, sauf moi qui ait dû patienter quelque temps sous un préau avec une jeune fille asthmatique, regardant de longues minutes durant le déluge s'abattre.
Le camp expérimentait cette année-là la dimension de services à l'environnement, avec plusieurs travaux à effectuer bénévolement par les jeunes : remise en état de deux tables d'orientation, nettoyage et débroussaillage de sentiers de la Communauté de communes, signalétique du sentier VTT. Ce fut l'opportunité, la seule en cinq années de CIJE, de pouvoir permettre aux jeunes de vivre un temps d'autonomie dans une structure d'accueil de loisirs. Les jeunes des camps venaient en renfort d'une équipe d'animation, j'avais l'occasion de rencontrer d'autres animateurs aussi. Nous avons eu la chance, comme souvent en campagne, de rencontrer des personnes extrêmement accueillantes, qui n'hésitent pas à ouvrir leurs portes alors qu'elles ne vous connaissent pas et à aller chercher le petit déjeuner du matin pour vous. Le lendemain, alors que quelques jeunes du camp vélo étaient partis en quête de lever de soleil à quatre heures du matin, à mille neuf cents mètres d'altitude, nous étions logés confortablement et discutions tranquillement sur l'histoire du village avec une mémoire vivante, avant d'aller déguster les produits locaux. Je ne me suis pas senti privilégié parce que je voulais vivre le défi de l'ascension, que je n'ai pas vécu en accompagnant le groupe. J'ai gardé cette expérience en mémoire pour tenter une aventure similaire en 2010, ponctuée par un échec (voir l'article suivant).
Le groupe a bien vécu même si des couples se sont formés, jusqu'à trois simultanément. J'ai aussi appris à travailler avec des animateurs vietnamiens, qui ont un sens de l'anticipation et du travail d'équipe impressionnant. Il n'y a pas besoin de s'accorder en équipe ou d'énoncer ce qu'il y a à faire. Des chansons venues avec une guitare, un épi de blé transformé en joueur de musique, un cerf-volant né de quelques brindilles et d'un morceau de toile. Tel est leur talent.
La philosophie de l'association est de permettre aux jeunes de grandir en vivant pendant dix-sept jours loin du confort et de l'équipement du quotidien, en partageant tout, y compris sa tente qui est "la maison du jeune" (tout en respectant la non-mixité imposée). Il n'y a pas non plus d'animateur professionnel ou d'intervenant extérieur. L'association compose avec nombre de bénévoles. Cela dit, lorsque les animations prévues sur place le permettent, il faut savoir en profiter. Il y a donc traditionnellement la fête foraine, le Tour et le feu d'artifice. Faute de voir passer en 2008 les coureurs cyclistes à proximité, les jeunes ont profité de la fête, du 14 juillet et d'une piscine défiant toute concurrence entre 12 heures et 14 heures. Pourtant, nous avons dû nous y mettre à deux pour faire accepter nos shorts de bain au maître-nageur, au lieu des slips de bain réglementaires. Il nous a demandé de ne plus revenir, ce qui tombait bien, puisque notre projet était seulement de venir se baigner une seule fois. Les jeunes ont vraiment apprécié, surtout le toboggan. Inutile de dire que le repas s'est terminé à presque seize heures ce jour-là...
Cette année, il fallait franchir un col à pied pour aller à la rencontre du camp vélo, ce que nous avons décidés de faire sur les derniers jours pour préparer avec eux le thème du spectacle. Exceptionnellement, les camps présentaient des séquences à thème et ne présentaient pas particulièrement leur camp. Après dix kilomètres de moyenne montagne, n'ayant pas encore rencontré le camp vélo et en fin de camp, j'ai connu des difficultés pour mobiliser les jeunes dans cette préparation et cela s'est ressenti. Au pied de la montagne, sans bruit autre que le crépitement du feu de bois et le son de la guitare, l'ambiance était paisible et détendue. Les jeunes, qui n'étaient que quatorze, évoquaient pourtant des tensions entre eux, liées à la longueur du camp, aux couples formés et déformés, à l'âge de tous les possibles et aux personnalités contraires.
Jamais en camp je ne me suis senti aussi près de la nature et aussi proche des jeunes, sans doute facilité par leur faible nombre en général. Dans un environnement fabuleux, le CIJE 2008, avec des jeunes de quatorze et quinze ans (ils effectuaient donc pour la plupart leur dernier camp cette année avant la majorité), reste pour moi un excellent souvenir.
Corbonod (2007) : la découverte d'un autre monde.
L'association CIJE, c'est une famille, une seconde famille, qui fonctionne bel et bien comme une association et non comme une entreprise. En mai 2007, je me suis demandé où j'avais mis les pieds. Non religieux, l'affichage des origines chrétiennes ne m'avait pas repoussé mais le rassemblement des camps, la célébration de l'Eucharistie, la répétition des chants du carnet de chants pouvait apparaître comme un rite d'initiation quelque peu sectaire. En raison de mon âge (vingt-cinq ans), j'ai été engagé pour accompagner les plus grands (seize et dix-sept ans) sur un projet qu'ils devaient eux-mêmes construire. Les membres de l'association se réunissaient au Clos de Grex, un établissement qui accueille des personnes retraitées et des personnes en situation de handicap mental, où veillent aussi les soeurs. C'est là que nous avons préparé les camps et accueilli les jeunes.
La première randonnée était l'occasion de la prise de contact. J'avais peur de me tromper de chemin. Il y en a eu beaucoup d'autres, pour chercher son chemin, pour aller voir les trois autres camps, pour se rafraîchir. Au bout de deux jours, j'ai failli pleurer. Le rythme était lent, dicté par les ados mais ma directrice pouvait très bien me demander d'intervenir dans les vingt à vingt-cinq minutes qui venaient et de préparer une séquence d'animation. Je n'étais pas habitué à ces changements de rythme, alors que je vivais en tant qu'étudiant dans un univers aseptisé, ne voyant pas à l'époque la fin de mes études.
J'ai aussi compris ce que c'était que d'être mobilisé pendant près de seize heures consécutives. Je me suis usé mais j'ai tenu le cap. Le camp s'est déroulé sans accroc. Les garçons ont bien dématé la tente des filles pendant une nuit et ont dû la remonter illico. Ce sont des expériences qui marquent lorsque l'on est stagiaire et que l'on réalise son stage pratique. De ce camp, déjà lointain puisqu'il date de plus de quatre ans, je me souviens de quelques épisodes. Nous étions situés juste à côté du camp vélo, composé de jeunes un peu plus... jeunes et nous avions réalisé une course d'orientation de plus de dix kilomètres, avec l'autre groupe. Nous étions allés voir passer la caravane du Tour. Il y eut aussi un orage énorme l'un des jours où j'étais en charge de préparer le repas avec les jeunes. Le couscous a donc été mangé sous la protection d'un marabout sombre, en veillant à ne pas renverser le moindre grain au sol. C'est aussi là que j'ai découvert le Loup-Garou, jeu qui passionne tant les jeunes en camp, surtout lorsque la météo s'y met. Beaucoup des jeunes qui ont participé à ce camp sont aujourd'hui de jeunes adultes, à l'Université, ou employés.
Isabelle, Anouck, Karine et Valéran à la cuisine
Anglefort (Juillet 2007)
Je me souviens très bien du site et des rencontres que nous avions fait dans cette campagne qui n'en est pas une. Il n'y a aucune ville dominante sur la route de la Suisse, entre Genève et Belley, mais c'est la vallée du Rhône et il y a beaucoup de passage. J'ai rencontré beaucoup de gens très accueillants et un groupe de jeunes a pu prendre un repas, passer une nuit complète chez l'habitant, ramener des souvenirs lors d'un temps appelée "autonomie" ("explo" chez les scouts). Le temps d'autonomie, de quarante-huit heures, tombait pour l'équipe d'animation sur le temps de congé. C'est l'occasion de prendre la voiture quand les jeunes sont à pied, de s'éloigner du camp... et de participer à la livraison des repas froids et des petits déjeuners pour eux là où ils doivent être. Le pique-nique et le lait transporté dans le coffre, la tente montée à la tombée de la nuit... Nous sommes bien loin de l'animation touristique menée à tambour battant. Ce n'est pas le même monde.
Ce temps passé hors du camp permettait aussi aux jeunes de se couper un peu de la vie de camp, qui devient monotone, et d'oublier l'usine qui tourne près du Rhône vingt-quatre heures sur vingt-quatre... C'est aussi l'un des rares camps où j'ai pu expérimenter le feu de camp, pratique lors de la dernière veillée passée à la belle étoile.
Mens (2008) : d'air pur et d'eau fraîche.
2008 commence aussi à dater. Entre temps, j'ai terminé ma formation d'animateur BAFA à Barcelone, en décembre et je suis revenu aux Camps Inter-Jeunes de l'Est pour un nouveau mois de juillet avec beaucoup plus de repères mais sans directeur. Des jeunes que j'ai connu l'année dernière, il n'en reste plus qu'un. Il y eut cette année-là un vrai changement de génération, un vrai renouvellement chez les plus jeunes. Cette fois, contrairement à 2007, les camps se situaient en pleine campagne, dans le Trièves, dans un décor somptueux. L'équipe d'animation a eu la chance de pouvoir se préparer au pied de l'Obiou, une très belle montagne qui culmine à près de deux mille huit cents mètres d'altitude.
Le décor a donné le ton d'un camp "autrement", en pleine nature ou presque, avec des jeunes avides de se découvrir et de vivre de belles expériences ensemble. Le groupe était plus jeune que l'année précédente, en pleine adolescence. La première randonnée "prise de contact" a eu lieu sous un beau temps pendant deux heures mais nous avons pris un orage terrible, comme l'année précédente, en cours de route. Tout le groupe s'est alors empressé de rentrer, pris en charge ensuite par les camions de l'association, sauf moi qui ait dû patienter quelque temps sous un préau avec une jeune fille asthmatique, regardant de longues minutes durant le déluge s'abattre.
Le camp expérimentait cette année-là la dimension de services à l'environnement, avec plusieurs travaux à effectuer bénévolement par les jeunes : remise en état de deux tables d'orientation, nettoyage et débroussaillage de sentiers de la Communauté de communes, signalétique du sentier VTT. Ce fut l'opportunité, la seule en cinq années de CIJE, de pouvoir permettre aux jeunes de vivre un temps d'autonomie dans une structure d'accueil de loisirs. Les jeunes des camps venaient en renfort d'une équipe d'animation, j'avais l'occasion de rencontrer d'autres animateurs aussi. Nous avons eu la chance, comme souvent en campagne, de rencontrer des personnes extrêmement accueillantes, qui n'hésitent pas à ouvrir leurs portes alors qu'elles ne vous connaissent pas et à aller chercher le petit déjeuner du matin pour vous. Le lendemain, alors que quelques jeunes du camp vélo étaient partis en quête de lever de soleil à quatre heures du matin, à mille neuf cents mètres d'altitude, nous étions logés confortablement et discutions tranquillement sur l'histoire du village avec une mémoire vivante, avant d'aller déguster les produits locaux. Je ne me suis pas senti privilégié parce que je voulais vivre le défi de l'ascension, que je n'ai pas vécu en accompagnant le groupe. J'ai gardé cette expérience en mémoire pour tenter une aventure similaire en 2010, ponctuée par un échec (voir l'article suivant).
Brieuc au balisage VTT
Mens (Juillet 2008)
Le groupe a bien vécu même si des couples se sont formés, jusqu'à trois simultanément. J'ai aussi appris à travailler avec des animateurs vietnamiens, qui ont un sens de l'anticipation et du travail d'équipe impressionnant. Il n'y a pas besoin de s'accorder en équipe ou d'énoncer ce qu'il y a à faire. Des chansons venues avec une guitare, un épi de blé transformé en joueur de musique, un cerf-volant né de quelques brindilles et d'un morceau de toile. Tel est leur talent.
La philosophie de l'association est de permettre aux jeunes de grandir en vivant pendant dix-sept jours loin du confort et de l'équipement du quotidien, en partageant tout, y compris sa tente qui est "la maison du jeune" (tout en respectant la non-mixité imposée). Il n'y a pas non plus d'animateur professionnel ou d'intervenant extérieur. L'association compose avec nombre de bénévoles. Cela dit, lorsque les animations prévues sur place le permettent, il faut savoir en profiter. Il y a donc traditionnellement la fête foraine, le Tour et le feu d'artifice. Faute de voir passer en 2008 les coureurs cyclistes à proximité, les jeunes ont profité de la fête, du 14 juillet et d'une piscine défiant toute concurrence entre 12 heures et 14 heures. Pourtant, nous avons dû nous y mettre à deux pour faire accepter nos shorts de bain au maître-nageur, au lieu des slips de bain réglementaires. Il nous a demandé de ne plus revenir, ce qui tombait bien, puisque notre projet était seulement de venir se baigner une seule fois. Les jeunes ont vraiment apprécié, surtout le toboggan. Inutile de dire que le repas s'est terminé à presque seize heures ce jour-là...
Cette année, il fallait franchir un col à pied pour aller à la rencontre du camp vélo, ce que nous avons décidés de faire sur les derniers jours pour préparer avec eux le thème du spectacle. Exceptionnellement, les camps présentaient des séquences à thème et ne présentaient pas particulièrement leur camp. Après dix kilomètres de moyenne montagne, n'ayant pas encore rencontré le camp vélo et en fin de camp, j'ai connu des difficultés pour mobiliser les jeunes dans cette préparation et cela s'est ressenti. Au pied de la montagne, sans bruit autre que le crépitement du feu de bois et le son de la guitare, l'ambiance était paisible et détendue. Les jeunes, qui n'étaient que quatorze, évoquaient pourtant des tensions entre eux, liées à la longueur du camp, aux couples formés et déformés, à l'âge de tous les possibles et aux personnalités contraires.
Jamais en camp je ne me suis senti aussi près de la nature et aussi proche des jeunes, sans doute facilité par leur faible nombre en général. Dans un environnement fabuleux, le CIJE 2008, avec des jeunes de quatorze et quinze ans (ils effectuaient donc pour la plupart leur dernier camp cette année avant la majorité), reste pour moi un excellent souvenir.
Par ici la suite : Souvenirs de camps - 2ème partie - Le Directeur (5 août 2011)


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