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Asturies, un oasis de fraîcheur

Ne pas parler de la pluie mais du beau temps.

Le climat océanique nous réserve parfois quelques surprises. Un anticyclone s'était installé sur l'Europe la semaine dernière et j'ai rarement connu des températures aussi élevées (31° à l'ombre) pour un début de printemps. Il est vrai qu'ici, précisément en bordure de l'océan, les températures sont nettement adoucies et que les traditionnelles quatre saisons que l'on apprend en France se perçoivent beaucoup moins.

A l'exception d'une isolation franchement discutable de l'appartement, l'hiver n'a pas été très froid (1°C au minimum) et cette situation n'a réellement duré qu'un seul mois (décembre). A cette époque, le chauffage tournait beaucoup plus et nous n'hésitions alors pas à chauffer seulement deux pièces sur huit, préparant ainsi le chaud dîner à la cuisine pour le manger au salon.

Depuis cette époque, le temps a changé et les premiers baigneurs sont apparus sur la plage de Santa Cristina, où la température de l'eau était la semaine dernière de 16°C. La quantité de personnes qui garnissent les terrasses à toute heure de la journée croît proportionnellement avec le pourcentage de ciel bleu et le mercure. Les Galiciens sont ainsi nombreux dehors, à siroter, à prendre un café parfois accompagné d'une cigarette, entre amis plus qu'en famille. La famille se retrouve plus souvent en fin de semaine. C'est aussi l'occasion pour les véliplanchistes de venir joyeusement occuper la Ría de A Coruña, jusqu'à son terme à Mera, au pied du phare.

Bien sûr, à Saint-Etienne, je me suis habitué à ces températures relativement élevées, sachant aussi que le climat continental montagnard m'a déjà fait connaître des 38°C à ne pas sortir le nez de la piscine. Reste toutefois qu'une cour de récréation d'Andaina goudronnée et chauffée à blanc a converti nombre d'adolescents en lézards se dorant la pilule au soleil, excitant à l'inverse sérieusement les plus jeunes. Vendredi dernier, nombreux étaient ainsi torsenus (entre 6 et 8 ans) et couverts par un auvent protecteur des rayons du soleil.

Temps libre = football ?

La Semana Santa approche et avec elle le lot des notes et évaluations rendues aux élèves auparavant. Les professeurs disent avoir besoin de vacances, surtout la pauvre professeur d'éducation physique, qui doit avoir environ 250 élèves à évaluer. C'est à ce moment-là qu'il est bien utile d'être deux pour veiller au temps libre, inlassablement converti en partie de football, quelque soit la classe. Le football, si prisé dans les bars même pour un match de troisième division (plutôt comme bruit de fond cependant, contrairement à ce que j'ai vu au Portugal) est quand même pratiqué par quelques jeunes demoiselles. Il y a toujours quelques passionnées par classe et celles-ci se défendent plutôt bien. A cheval sur deux semaines, j'ai dirigé un atelier de tirs de corners (pour une fois, l'expression espagnole saque de esquina se trouve contaminée par l'anglaise) et arbitré un match entre jeunes de 5° EPO. A cet âge, l'esprit collectif est encore peu développé, d'autant plus que chaque rebond atteint ou dépasse la tête des enfants... Il y a toutefois quelques irréductibles, au basket-ball  ou au saut du cheval d'arçon qui contestent ainsi la domination du football. Hier, ce fut encore la démonstration que les jeux d'animation français (la balle assise, la mue du serpent pour ne citer qu'eux) trouvaient leur équivalent ici...

Feutres, colles, ciseaux, papiers : "¿ pero que coño significa eso ?"

En Français justement, je passe peu à peu au stade de l'affichage des nombreuses cartulinas déjà réalisées par les jeunes depuis le début de l'année scolaire. Avec les élèves de 1° ESO (équivalent de la 5ème chez nous et non de la 6ème comme j'ai pu le dire précédemment), nous avons (difficilement) traduit les instructions pour la construction du cerf-volant, qui aura lieu vendredi... en éducation physique. Il s'agit d'ailleurs du premier travail interdisciplinaire, préparé depuis longtemps et qui trouvera probablement son aboutissement compte tenu de l'intérêt probable manifesté par les jeunes pour construire. Les élèves de 1° ESO, qui ont donc entamé cette année l'apprentissage de leur quatrième langue vivante, à savoir celle de Molière, se trouvent rapidement désemparés à la vue de phrases. Mon rôle est aussi là, en particulier dans ce cours : la langue n'est pas une accumulation de mots, mais bien un message vivant véhiculé pour autrui. Et c'est là que le natif peut mettre à exécution son pouvoir magique. Il y a certes plus de 60 millions de Français, mais je suis le seul à Andaina, donc le seul en mesure de représenter la langue française.

A la suite de la traduction de ces instructions, ou fiche-type, pour construire la cometa (cerf-volant en français, papavento en galicien), nous avons entamé le thème de la carte postale couplé à celui de la francophonie. Curieusement, il s'agit d'un atelier qui a relativement bien fonctionné. Cela n'est pas surprenant dans la mesure où le travail de présentation de l'Union Européenne proposé à leurs successeurs (les 6° EPO) a fonctionné à merveille. Je suis parti de l'idée des cromos (vignettes Panini de joueurs de football, dont les jeunes de 10-12 ans raffolent) pour créer des billets à l'effigie des Etats de l'Union Européenne (27) et pour créer des cartes postales virtuelles (36). J'ai vu les jeunes s'échanger les cartes postales, rechercher sur la carte du monde où se trouvaient les Etats de la francophonie (allez trouver Wallis-et-Futuna, la Guinée Equatoriale ou encore les Comores...) et écrire la carte comme si elle était réelle. Il en est ressorti la satisfaction d'avoir effectué un atelier dynamique et réussi, totalement dans le cadre du projet d'Andaina.

Pour l'année prochaine, le projet est de créer un véritable album type Panini avec pour thème les communautés autonomes d'Espagne et les pays de l'Union Européenne. Je vais tenter de construire la maquette du projet pendant la Semaine Sainte et de la proposer ensuite.
Avec les 2° ESO, j'ai (enfin) pu achever les interviews et les travaux d'expression d'opinion sur le film "L'Esquive". Ils sont nombreux à souhaiter me rejoindre à la bibliothèque et tentent ainsi avec malice de s'échapper de la classe... ce qui me surprend quand même. Le français oral serait-il plus attrayant que le français écrit ? Notre langue est clairement reconnue comme difficile, peut-être la plus inaccessible parmi les langues romanes (portugais, galicien, catalan, valencien, italien, roumain... sans compter les langues régionales et dialectes). Et lorsqu'il s'agit de travailler la prononciation, c'est encore plus compliqué que de lire simplement et silencieusement...

Le castillan est aux frites ce que le français est aux brocolis. Les enfants n'ont même pas envie de goûter...

Les 3° ESO ont quant à eux présenté aujourd'hui les dialogues du livre "Eric a disparu" sous forme théâtrale. De ce livre de niveau A1 (le niveau débutant), j'en ressors avec la conviction que les jeunes ont compris le texte mais qu'ils sont absolument incapables de pouvoir produire une phrase construite en français, en tout cas pour l'immense majorité. 30 % environ disposent d'une prononciation suffisante pour se faire comprendre en France. Il faut se souvenir que la matière leur a été imposée cette année.

La Semaine Sainte arrive et je n'ai eu de cesse de conseiller que de travailler un peu chaque jour le français pour maintenir le niveau et progresser peu à peu. Ceci est à l'image de mes interventions hebdomadaires au comedor chaque lundi pour motiver Enrique et Vicky, deux jeunes de l'école primaire, à terminer leur assiette... L'image de deux jeunes bilingues fascine leurs camarades à table, et je profite de l'occasion pour parler français avec eux, ce qu'ils ne refusent jamais. Par chance, surtout pour Enrique, je suis tombé sur deux jeunes plutôt fâchés avec la nourriture. Toujours en primaire, aujourd'hui sont venus quelques jeunes d'une école de Valence (Mer Méditerranée, donc à l'autre bout de l'Espagne) pour effectuer des activités manuelles (fresques murales, pâtes à modeler) et pour échanger aussi numéros de téléphones, e-mails... en castillan. Quoiqu'on en dise ou qu'on en pense, le castillan est le vecteur de communication n°1 entre Espagnols et même vis-à-vis des étrangers. Il n'y a donc pas eu de conversation en galicien / valencien, même si nos jeunes galiciens utilisent parfois leur langue co-officielle de manière tout à fait naturelle... ce qui a dérouté les valenciens, fort logiquement.

Promotions à l'occasion de la Semaine Sainte.

La Semaine Sainte, semaine de processions dans toute l'Espagne, et dont l'importance dépasse parfois celle de Noël et des Reyes, est l'occasion pour les entreprises de transport d'ajuster les prix à la hausse ou de faire quelques promotions exceptionnelles. L'entreprise asturienne Alsa, désormais multinationale, propose ainsi de voyager sans limite dans toute l'Espagne pour 92 € à l'occasion de la Semaine Sainte. Occasion dont les volontaires que j'ai rencontrés le week-end dernier à Gijón vont peut-être profiter, sans moi qui vais profiter de cette période pour préparer l'avenir post-SVE : à court terme, le Youth Pass et les Camps Inter-Jeunes de l'Est.

[A cette occasion, si vous avez entre 11 et 17 ans, si vous êtes animateur diplômé Bafa, ou si vous êtes directeur diplômé ou en cours de formation Bafd, vous pouvez me contacter à l'adresse yohann.benmalek@yahoo.fr pour participer à un camp de vacances sous tente, à Bonlieu-sur-Roubion (Drôme), du 11 au 27 juillet prochains. Je vous recommande aussi vivement de consulter le site internet de l'association : http://www.interjeunes.info/)]

Pour une fois, j'avais donc choisi de délaisser le train pour me rendre dans la communauté autonome voisine, à l'est de la Galice, les Asturies. Le but était de visiter Gijón, Oviedo et éventuellement Avilés, en découvrant la vie nocturne de Gijón avec Alberto, un jeune volontaire italien que j'ai rencontré aux séminaires à l'arrivée et intermédiaire. Le train, que ce soit la Renfe ou la Feve, ne concurrence ni en temps ni en argent le trajet en autobus, qui permettait en plus d'arriver le vendredi soir... ou plutôt le samedi matin à 0 h 20. Je préfère toujours le voyage ferroviaire, plus spatieux, plus confortable, même si les 5 heures qui séparent plus ou moins La Corogne de Gijón s'effectuent sans souci. Par contre, dans le bus, du fait de la proximité et de partager réellement le même moyen de locomotion, la solidarité est évidente lorsqu'il s'agit de venir en aide à une jeune femme qui a le pied dans la résine... ou de dire au chauffeur de s'arrêter lorsque la porte des toilettes est mal fermée.

Dormir sur un sofa dans une auberge espagnole, la quête de l'absolu.

J'arrive à Gijón dans un petit appartement, où vivent ensemble Alberto, qui termine son SVE le 30 avril ; Maria, une camerounaise spécialisée dans la pâtisserie ; Friday, un nigérian installé en Espagne depuis 4 ans mais ne maîtrisant toujours pas l'espagnol et José, qui lui la maîtrise parfaitement puisque natif, ancien étudiant en ingénierie industrielle. Les 4 n'ont pas le même mode de vie, ni les mêmes horaires, et encore moins le même langage dans un appartement où se mélangent donc français, italien, espagnol et anglais africain. Sachant qu'Alberto devait préparer son atelier de cuisine italienne à Avilés, et étant particulièrement exigeant dans la préparation, j'avais choisi de le suivre la nuit... sans excès non plus. Il m'explique les détails de ce puzzle géant qu'est la ville de Gijón, aux rues désespérément perpendiculaires, mais dans des proportions bien plus raisonnables que l'Eixample barcelonais. L'Avenida Schultz et l'Avenida de la Constitucion mènent toutes deux à la Plaza de Europa, où convergent moyens de transport et plage à proximité. Près de là siège le cultissime Savoy Drinks & Music, pub minuscule où s'entassent jeunes et moins jeunes, entre deux quintes de vodka, s'enivrant devant le rock alternatifs de groupes asturiens. Je suis un peu usé par le voyage mais parvient à écouter quelques titres avant de regagner la surface de ce qu'Alberto a nommé El Infierno (l'enfer)...

Gijón, une cité pour le peuple ouverte sur la mer.

J'ai consacré l'intégralité du samedi à la visite de la plus grande ville des Asturies, Gijón, à défaut d'être la capitale. J'ai gagné assez rapidement le port puis l'océan et j'ai été assez agréablement surpris. Si vous souhaitez visiter Gijón en tant que passionné d'architecture et de patrimoine, passez votre chemin. Contrairement à Ferrol, la ville n'a rien de classique ni d'ennuyeux, ce qui fait que l'on s'accomode très bien de ces immeubles colorés, sans artifice ni charme particulier, au coeur de ce damier construit sans doute un peu trop vite. La ville s'est étendue, certes mais dans des proportions raisonnables. Surtout, Gijón est très propre (rues impeccables, tri sélectif) et a intelligemment pensé l'espace, valorisant le port industriel et son extension par une petite exposition aux très belles maquettes. Le port, assez vaste, se trouve en dehors de toute zone touristique et le seul regret est que son immense jetée ferme la vue de l'immensité de l'océan. La presqu'île de Santa Catalina est envahie par les mouettes et permet de faire cohabiter harmonieusement ruines de l'ancienne batterie militaire avec skate-park, malgré quelques graffitis aux allures de brouillon. Après une semaine chaude, le vent marin est rafraîchissant et le paysage s'ouvre sur le littoral et la ville entière, tout juste bouché au sud par une brume venue d'Afrique.


Surf sur les eaux de Gijón
9 avril 2011

Je découvre ensuite la très belle plage de San Lorenzo, bien coupée du front de mer, où se mêlent joueurs de football en tenue, amateurs de raquettes de plage et enfants jouant avec les algues... Gijón a clairement consacré des espaces aux loisirs et à la détente mais il faut pour cela s'échapper de la ville plus continentale. Aire de jeux pour les enfants, pistes cyclables, espace de maintien musculaire pour les personnes âgées, parcours de santé, beach-volley : tout est très intelligemment pensé. Le musée du peuple asturien et une association locale oeuvrent pour le maintien du patrimoine des Asturies, et notamment l'asturien, langue proche du galicien mais qui contrairement à sa voisine, n'a pas le statut de langue officielle. Aux Asturies, à l'exception des zones franchement occidentales, c'est donc le castillan qui est employé. Le soir est une course au quotidien : je me retrouve devant une gare fantôme, sans indication pour retrouver la vraie gare, et donc réserver le billet de train pour le lendemain. J'y parviens enfin, et ramène un plein sac à dos de provisions pour deux jours. Je n'ai finalement pas le temps de faire l'aller-retour jusqu'à la cité proche d'Avilés. Vient alors une deuxième nuit au Savoy, dont je ne savais pas qu'il s'agissait de la dernière avant fermeture du bar. Les raisons invoquées sont le bruit provoqué et perturbant les voisins, conséquence indirecte de la loi anti-tabac de janvier et la petitesse des lieux pour une telle affluence... Le deuxième soir, je ne suis même pas rentré. Il y avait autant de gens dehors que dedans, entrant et sortant... à la différence près qu'ils étaient trempés de sueur une fois la rue regagnée. Cette Calle Pelayo devrait donc retrouver un peu de normalité nocturne. Les taxis y passent très fréquemment et le soir venu, il s'agit probablement de la plus fréquentée de Gijón, désert autour ! Cette rue ne fait pourtant que 50 mètres de long environ, mais s'y entasse devant le Savoy tous types de population de 30 à 50 ans, les filles étant plus proches de la vingtaine que les garçons. Les gars ont d'ailleurs un look furieusement quotidien, portant au choix piercing, bouc, barbe, boucles d'oreille mais dans une ambiance bon enfant. Je n'y compte pas la quantité de litres d'alcool bus ni de tabac fumé dans cette rue, mais sans débordement, ce qui fait pourtant dire à José qu'il s'agit d'un caos (chaos).

Oviedo : discrète, embourgeoisée, classique, joviale et sérieuse à la fois.

Le dimanche, je plie bagage pour Oviedo. Alberto est encore dans le zag, rentré probablement très tard. J'essaie de prendre le train Feve de 11 h 22 mais m'aperçois en cours de route qu'il me manque mes deux guides touristiques... J'avais lu la veille et quand vous avez dix personnes dans un salon rikiki, les affaires se déplacent fort logiquement. J'ai donc tenté d'appeler Alberto, qui s'est contenté de raccrocher illico, sans doute ivre de fatigue, et je suis tombé sur Maria et Friday sortant de l'immeuble, à l'endroit même où les voisins mécontents du tapage nocturne nous avaient interpellés la veille. Souhaitant récupérer mes deux guides dans l'appartement, je choisis l'espagnol pour expliquer la scène et non le français ni l'anglais... Tout se déroule silencieusement finalement. Je rejoins la gare Feve. Le conseiller / vigile me fait comprendre que mon ticket acheté la veille n'est valable que le jour même... et que je dois donc en racheter un autre pour Oviedo.

Je voulais tester le réseau Feve et ses trains, qui parcourent tout le nord de l'Espagne, de Ferrol à la frontière française, en longeant la côte, au contraire du réseau de l'Adif (exploité par la Renfe), qui suit plus ou moins le camino francés de Saint-Jacques (donc au sud de la cordillère cantabrique). Il fait gris, franchement gris même si le ciel ne promet pas de pluie intense. En voyageant dans une rame quasi vide et peu confortable (sièges très durs), je découvre un paysage de campagne, assez pauvre, très vert. Jamais dans toute ma vie je n'avais connu ce dimanche-là un visage de l'Espagne aussi éloigné des clichés. Pour beaucoup, l'image du pays est celle de la fiesta, des tapas, de la paella, des toros et du flamenco. J'ai connu tout cela lors de mes premiers voyages scolaires, en 1995. Bien sûr que ceci fait partie de la tradition mais aux Asturies, comme d'ailleurs en Galice, j'ai l'image d'une autre Espagne, beaucoup moins épicée mais tellement rafraîchissante.

Oviedo se révèle très vite monumentale, presque dès la sortie de la gare. Dans cette fraîcheur de la mi-journée, je me retrouve rapidement en contraste non seulement avec la veille mais aussi avec la semaine précédente, parfois étouffante, surtout pour les adultes d'Andaina. Par rapport à Gijón, où déambulaient jeunes familles, trentenaires en BMX, adolescents en quête de cinéma et rockeurs alternatifs en mal de sensations, j'ai l'impression d'avoir effectué beaucoup plus qu'une demi-heure de trajet. L'ambiance est beaucoup plus sobre, plus classe, moins chaleureuse aussi. Le Campo de San Francisco, véritable poumon vert d'excellente facture, est propice aux déambulations bourgeoises. Le centre historique est réputé, il se révèle à la hauteur et vaut vraiment le coup. Il n'a pas la grandeur et le caractère solennel de Saint-Jacques-de-Compostelle mais il est tout aussi riche, peut-être plus homogène et bien plus gai et coloré que son homologue galicien. Surtout lorsque la gaïta surgit pour nous emmener dans une autre ambiance, par un jour de marché sans fin, occupant sans mal les ruelles bondées.

La visite est courte, elle ne dure que 3 heures, ce qui est peu pour la capitale de la Principauté des Asturies. Je me concentre sur l'essentiel, étant nourri de regrets de ne pouvoir prendre un peu de hauteur pour observer l'extension de la ville et le callejero du centre historique. Je sais aussi qu'il me manque quelques jours pour répondre à l'appel des montagnes qui est en moi depuis septembre. Les montagnes, les vraies, sont là, au sud, toutes proches, clairement apparentes coiffées d'un nuage de brume. En discutant avec Juan, professeur d'Arts Plastiques, de son pays natal (Gijón), j'ai compris que les deux cités, Gijón et Oviedo, étaient finalement autant rivales que complémentaires. Si l'on aime la mer, la plage, la modernité, l'espace, le dynamisme associatif, il faudra opter pour Gijón, sur la Costa Verde.


Vrai match de football - Plage de San Lorenzo (Gijón)
9 avril 2011

Si l'on préfère le classicisme, le confort, le patrimoine culturel, la rusticité mais aussi l'accès rapide aux montagnes, il faudra opter pour Oviedo. Il y avait d'ailleurs dans les rues un écran TV retransmettant le Grand Prix de Formule 1 de l'enfant du pays, Fernando Alonso.

J'ai effectué les ultimes photos et gagné la gare routière, tout proche de la gare ferroviaire, peu avant 16 h 30. Je ne m'attendais pas à telle foule et me dit que j'avais finalement bien fait d'acheter le billet à l'avance. Je n'étais pas au bout de mes surprises. Quai 17, arrive le bus avec pour destination La Corogne. 2 minutes après, quai 16, arrive l'autre bus avec pour destination Saint-Jacques-de-Compostelle. En lisant bien mon billet, je découvre que je dois monter dans le bus dont la ligne est Irún-Santiago, donc en théorie celui stationné Quai 16. Quai 17, les passagers chargent les bagages, montent dans le bus. Un peu inquiet mais quand même assez convaincu, je demande au chauffeur du bus quai 16 d'embarquer. Celui-ci indique alors que je dois monter dans l'autre bus, dont le chauffeur s'apprête à partir ! Je ne cherche pas à comprendre. Il restait deux places. Devant cette arrivée très tardive, le chauffeur du bus pour La Corogne doute et me demande mes papiers d'identité. Je n'ai toujours pas compris pourquoi je ne suis pas monté dans l'autre bus et personne n'a pu m'expliquer... Finalement, ce fut une chance que les deux bus soient stationnés à proximité, lorsque l'on sait qu'il y a plus de 40 quais. Toujours est-il que pour une société offrant pour 92 € des trajets illimités dans toute l'Espagne, il y a plus rassurant !

Comme dans le court trajet ferroviaire, je suis à mille lieux de l'Espagne dans ce bus retour. Je suis installé à côté d'un couple cinquantenaire d'apparence danoise ou norvégienne, dont je ne comprends pas un mot. Le chauffeur a lancé une série américaine sur l'écran TV, plus déprimante encore que le temps : elle conte l'histoire d'une mère qui fait tout pour garder sa fille malgré sa grande pauvreté... Et quant au décor, il ne prend du relief que lorsque le bus quitte une autoroute en chantier. Toutefois, être enserré sur le plateau vert entre la Costa Verde sans soleil, aux falaises multiples, et les montagnes dignes du Cantal a un certain charme. Le soleil apparaît juste à la frontière entre Asturies et Galice, à la hauteur de la très belle ría de Ribadeo.

Je me suis aperçu ce jour que je connaissais finalement encore mal le pays, malgré douze visites étalées entre 1995 et 2011 (mais surtout depuis 2005). Je n'ai posé le pied que dans cinq communautés autonomes sur dix-sept (Galice, Asturies, Catalogne, Communauté de Madrid et Andalousie), contre treize régions sur vingt-deux en France.

A suivre, un prochain article spécial sur le thème de la langue. J'y aborderais la question de l'usage, de l'apprentissage, de la pratique mais aussi les émotions et les difficultés rencontrées avec le français, l'anglais, l'espagnol (castillan) et le galicien, dans le cadre du SVE mais aussi de manière plus générale, avec d'autres souvenirs et expériences.


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