Haut de page

Sur la route de Compostelle - France / Espagne à pied (2024) - Retour à Saint-Palais (1ère partie)

Il s'est passé un an et demi depuis notre retour à Saint-Sever. Mon chemin personnel a changé depuis. C'est le lot de ceux qui choisissent, par choix ou par contrainte, de partir vers Compostelle en plusieurs tronçons. Dans ma vie personnelle, j'ai perdu une partie du chemin, je me suis égaré vers des contrées obscures. Cela arrive dans la vie d'un homme. La personne avec qui je partageais ma vie depuis presque dix ans est partie vers d'autres horizons, elle a suivi un autre chemin. Comme me l'a demandé un pèlerin sur ce troisième épisode, ce n'est pas le Camino qui en est la cause. Mais j'ai toujours gardé Compostelle, et bien sûr l'Espagne et le retour en Galice comme un objectif personnel profond. Les êtres humains passent, la destination reste et demeure toujours un but à atteindre bien que, et je n'en mesure pas encore l'impact au départ, ce n'est pas vous qui faites le chemin mais bien le chemin qui vous fait et dans mon cas, me refait chaque fois toujours un peu plus.

Si Saint-Sever marquait le point final de l'édition 2022, avec seulement cinq étapes, il me fallait donc revenir à l'origine de notre terminus de 2021, à savoir Saint-Palais, dans les Pyrénées-Atlantiques. Je partais donc seul cette fois, ressentant ce besoin de vivre l'expérience du chemin de manière authentique, en solitaire, et n'ayant pas souhaité pour ce troisième volet être accompagné par une personne extérieure. Il existe plusieurs groupes, notamment sur Facebook, où vous pouvez proposer votre projet ou rejoindre le projet d'un autre voyageur. Qu'importe, j'avais également décidé de partir sur un trajet de 387 kilomètres, sans jour de repos cette fois, pour maximiser mon temps de trajet et aller le plus loin possible en trois semaines.

Quelques jours avant le départ, je ressentais un certain stress monter. J'avais demandé à Thierry, un bon collègue de travail, de venir me chercher au départ de la maison, et de me déposer sur mon lieu de travail pour y exercer une dernière journée avant les vacances. Ensuite, j'ai demandé à Martine, une autre bonne collègue de travail, de me déposer à la gare de Riom / Châtel-Guyon en fin de journée. Sous le soleil, je quitte donc l'ambiance du bureau pour me retrouver seul, dans une gare, avec le grand sac à dos et la coquille ; une situation que j'affectionne tant et qui pourtant, cette fois-ci, me paraissait étrange. J'allais me retrouver seul pour la première fois depuis si longtemps et rapidement des questions surgissent dans mon esprit : avais-je tout prévu ? J'avais l'habitude jusque-là de m'occuper des aspects plutôt logistiques et de délaisser les aspects plus matériels en voyage. Cette fois, pour sûr, je devais m'occuper des deux mais je n'étais responsable que de moi-même.


J'attends le premier des quatre trains pour Bayonne en gare de Riom Châtel-Guyon
5 avril 2024

Je monte donc dans le premier train puis, rapidement, dans le second, ayant le temps d'une correspondance courte mais sans peine en gare de Clermont-Ferrand. J'étais donc lancé vers le sud-ouest, vers la destination la plus lointaine mais aussi la plus raisonnable que je pouvais espérer en ce vendredi soir, à savoir Aurillac, la préfecture du Cantal. La ligne est singulière puisqu'elle finit par grimper jusqu'à la gare du Lioran, et vous promet ainsi de quitter le train en pleine nature. J'observe de là la neige sur les sommets, et je ne le savais pas encore, mais elle allait m'accompagner par la suite discrètement presque tout au long du chemin, en tout cas à distance. Après un tunnel, le train s'engouffre dans la vallée de la Jordanne et poursuit sa route pour atteindre Aurillac, mon premier terminus, celui qui allait me permettre de me poser, déjà un peu dépaysé, sur cette nouvelle route de Compostelle.

L'hôtel Campanile que j'avais réservé n'était pas à proximité de la gare et je devais déjà marcher pendant une bonne demi-heure pour pouvoir le trouver. Les rues aurillacoises sont silencieuses, me laissent avancer tranquillement et je suis dans les clous pour pouvoir m'enregistrer à l'arrivée. La nuit est quasiment tombée. Je traverse la Jordanne sur une passerelle et j'arrive à la réception. J'en profite pour découvrir la carte du menu du soir, juste avant de rentrer, et j'observe des gens attablés. Mais le prix me décourage car j'ai un budget prévu et que je dois respecter. Le réceptionniste, au passage très courtois, me remet la clé de la chambre. J'en profite pour déposer le sac et les bâtons de marche, je remarque deux petits bonbons et un petit mot sympathique de Marie qui a préparé la chambre. Je remarque aussi que la fenêtre a été laissée entrouverte pour permettre d'aérer ou de faire sécher la chambre avant mon arrivée et je me demande si cette petite ouverture pourrait laisser rentrer un éventuel voleur, car le parking de l'hôtel est éclairé et que des personnes mal intentionnées pourraient avoir détecté ma présence.

Il ne me reste plus qu'à trouver de quoi me remplir un peu l'estomac et, sachant que je suis excentré par rapport au centre-ville, je m'attends à trouver des enseignes de restauration rapide. McDonald's ne propose que le Drive et il ne me reste plus que Burger King, que je localise à plus d'un kilomètre, pour tenter ma chance, sachant que je ne dois pas revenir trop tard car le train pour Toulouse ne m'attendra pas le lendemain à 6 h 49. J'entreprends donc mon premier bout de chemin et je trouve assez difficilement l'entrée puisque l'enseigne est située derrière une rangée de concessions automobiles. Sans surprise en ce vendredi soir, le public est assez jeune et je ne m'éternise pas. Je prends commande et retourne à l'hôtel, pour m'habituer aussi à me préparer en solitaire. Je profite une dernière fois d'un lit, d'une salle de bains et d'une douche en solitaire, parce que je sais que les trois semaines suivantes seront partagées sur le plan de l'intimité. Je m'endors paisiblement, mais presque d'un œil puisque mon réveil doit sonner le lendemain vers 5 h 40...

Commentaires

Articles les plus consultés